Parc des expos du Grand Cahors : Chronique d’une mort annoncée

Surdimensionné, l’équipement était logiquement voué à changer de vocation. Comme bien d’autres, surtout dans les villes moyennes.

Ce jeudi, à Arcambal, le conseil communautaire du Grand Cahors est appelé à voter deux délibérations liées au devenir du parc des expositions localisé à Fontanes, sur la zone de Cahors Sud. La première concerne son « déclassement du domaine public », la seconde sa « mise à disposition par voie de bail emphytéotique ». On connaît le nom du futur occupant des lieux : la société Tekever, spécialisée dans les drones autonomes (civils et militaires) pilotés par intelligence artificielle. L’entreprise aura ainsi un vaste local (dont on imagine évidemment qu’il devra être aménagé intérieurement) et un terrain d’exercice (l’aérodrome, juste en face).

Il se trouvera sans doute des élus et des acteurs publics pour critiquer tel ou tel aspect du dossier, sur le fond ou sur la forme. Mais il est un point qui en revanche ne sera pas loin de faire l’unanimité : que l’histoire du parc des expositions se finisse prématurément n’est pas surprenant au regard d’abord de sa situation géographique (à proximité immédiate de l’autoroute mais à une quinzaine de kilomètres du centre-ville), au regard ensuite de son taux de fréquentation (ou d’occupation) actuel et au regard enfin de la crise que traverse ce genre d’équipements dans les villes moyennes.

> Le pays est sur-équipé

Nombre d’études convergent sur ce point. « La part des centres de congrès et parcs des expositions ayant accueilli moins de 100 manifestations au cours de l’année 2023 n’a cessé de progresser ces 10 dernières années, passant de 29 % en 2014 à 39 % en 2017 pour atteindre 47 % en 2023 » lit-on ainsi dans le panorama 2024 de la société d’études spécialisée Coach Omnium.

La France métropolitaine est sur-équipée, comptant plus de 200 centres de congrès, parc des expositions et espaces multimodaux. L’étude évoque par ailleurs des ouvertures ou rénovations récentes et des projets (à Orléans, Valence ou encore Strasbourg, liste non exhaustive), synonymes d’investissements colossaux (plusieurs dizaines voire plusieurs millions d’euros). Mais de noter : « Pour autant, cette recrudescence de projets interroge dès lors où elle ne s’accompagne pas nécessairement d’une intensification de la demande… »

Autres constats : « Les manifestations de moins de 500 participants sont les plus communément accueillies. L’origine des manifestations est en premier lieu départementale, puis régionale. La durée moyenne des manifestations est de 1 à 2 jours, rarement davantage. »

> Des « adaptations » très coûteuses 

Dans ce contexte, le Courrier des Cadres souligne que les propriétaires et/ou gestionnaires doivent s’adapter : « Pour diminuer les risques, les équipements deviennent donc multifonctions, sont capables d’accueillir des foires départementales et des séminaires, des spectacles et concerts, voire des compétitions sportives, à l’instar de l’Espace Mayenne de Laval qui s’est équipé d’un mur d’escalade de 16 m de haut. Et les villes moyennes misent sur leur tissu économique et leurs filières scientifiques pour développer le tourisme d’affaires ; avec des résultats toutefois mitigés. »

Dès lors, pour tenter d’inverser la tendance, toujours selon les études et autres baromètres, il aurait fallu que le parc des expositions du Grand Cahors bénéficie d’une cure de jouvence coûteuse. Devenir un site multimodal (avec centre des congrès, centre d‘affaires, salles de réunion etc.) a nécessité d’investir 42 millions à Laval. Et la transformation d’un des halls du parc de Charleville-Mézières en salle de sports avec tribunes accueillant 3000 spectateurs (la ville possède deux équipes de basket professionnelles) a coûté 9 millions… Avec dans les deux cas une différence notable vis-à-vis de Cahors : ces infrastructures se situent à une dizaine de minutes de l’hyper-centre…

Il y a enfin d’autres villes où l’on a carrément décidé de tirer un trait : à La Rochelle, le parc des expositions va se muer en nouveau quartier avec 6 à 800 logements, et à Rodez, le projet de construction a été tout simplement abandonné.

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