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mercredi 27 novembre 2013

MaMA, comment un salon professionnel réfléchit en temps de crise



Pour sa quatrième édition parisienne, le MaMA s’impose comme l’événement français qui favorise la mise en relation des pros de la musique. En misant sur les rencontres sous toutes leurs formes de jour comme de nuit, et une opération séduction sur l’étranger.
Quatre ans, toutes ses dents, et déjà la langue bien pendue. Car au MaMA (Marché des Musiques Actuelles), on y parle de plus en plus et surtout, de plus en plus nombreux. Pour sa quatrième édition parisienne du 16 au 18 octobre – cinquième si on compte la tentative peu concluante de 2009 au Printemps de Bourges –, la convention annuelle sur la musique a réussi sa mission première : se poser en incontournable à l’échelle hexagonale pour le “networking” (la fameuse mise en réseau) de professionnels, combustible indispensable d’une aventure musicale, qu’elle concerne un artiste, une salle ou un festival.


Marathon de rencontres

Avec environ 2 600 professionnels accrédités sur cette édition 2013, le MaMA a gagné son pari de croissance et d’internationalisation, la seconde soutenant la première avec 30 % de pros débarqués de l’étranger. Mais comment un tel succès à l’heure où l’industrie musicale peine à réinventer un modèle économique viable après l’écroulement du marché du disque ? C’est justement le besoin de reconstruction qui expliquerait cet engouement. “Il faut voir l’époque actuelle comme un moment de flou, de transition, et c’est souvent dans les phases comme celles-ci que surgissent des idées nouvelles, que de nouveaux acteurs s’imposent, analyse Fernando Ladeiro- Marques, directeur du MaMA. On vit une période excitante, il n’y a jamais eu autant de nouveautés et de nouvelles idées… et ça va continuer. Le côté positif de cette crise, c’est qu’elle oblige à réfléchir à des solutions pour demain, à ne pas se reposer sur ce qui fonctionne comme ça a été le cas pendant très longtemps, à se dire que tout bouge…” Pour faire bouger les lignes et gagner son public, rien de tel que de profiter de l’attraction capitale de Paris, ce qu’a compris l’équipe du MaMA dès 2010. Et de proposer un événement en phase avec son temps. “Ce n’est pas un marché avec des vendeurs qui attendent des clients derrière un stand. D’ailleurs, les entreprises du secteur musical n’ont pas forcément les moyens de s’offrir un stand… Ici, on a autant des acheteurs que des vendeurs qui fixent leurs rendez-vous à l’avance et arrivent avec des plannings déjà bien calés.”
Tout est donc pensé pour les rencontres tous azimuts, particulièrement cette année côté étrangers afin de faire découvrir la scène française et créer des liens avec des représentants de la Norvège, de la Suisse et du Canada. “Le MaMA est un rendezvous automnal qui s’impose de plus en plus sur le marché européen mais aussi international. De Montréal, nous sommes plus d’une vingtaine de structures à faire le déplacement”, explique Evelyne Côté, programmatrice d’Osheaga, énorme festival de Montréal. Mais le MaMa, ce sont aussi des conférences, des débats et des ateliers qui, à défaut de dévoiler d’invraisemblables scoops aux plus avertis des pros, ont le mérite de provoquer les échanges, de confronter un vécu sur des domaines aussi différents que la valeur de la musique à l’heure de la dématérialisation, la place des femmes dans l’industrie musicale, le financement d’une carrière, le modèle économique induit par le streaming… “Même si les gens viennent de pays différents qui rencontrent tous des difficultés, ils paraissent assez optimistes car ils échangent des expériences et des informations et se soutiennent bien qu’ils viennent avant tout pour faire du business”, analyse Fernando Ladeiro-Marques. “Pour moi c’est un véritable marathon de rencontres qui permet de tisser des liens plus solides d’année en année avec les principaux intervenants de l’industrie musicale française, ajoute Evelyne Côté. Pour un marché comme Montréal, qui constitue une porte ouverte sur l’Amérique du Nord pour les artistes européens et français en particulier, c’est un rendez-vous indispensable pour nouer des relations entre programmateurs de festivals et de salles, agents, managers, mais aussi entre nous programmateurs, afin de rester à l’affût de ce qui se passe dans nos territoires respectifs et demeurer créatifs. Et bien sûr nous tenir au courant de l’actualité musicale.”

Ouvert au public

Si la centaine de concerts organisés chaque soir dans les bars et les salles de Pigalle et Montmartre sont l’occasion de poursuivre ces discussions enflammées, ils sont aussi le moyen d’exposer des artistes qui ne demandent qu’à accroître leur carnet de commandes de concerts. Selon Daniel Colling, cofondateur du Printemps de Bourges, producteur et gérant du MaMA, donc un peu son PaPA, le taux de remplissage des salles a atteint 95 % pour cette édition avec 40 % de public en plus par rapport à 2012, soit plus de 9 000 entrées, une billetterie qui contribue à 9 % du budget du MaMA, aux côtés des aides publiques, privées, du sponsoring et des accréditations. Le public a par exemple pu découvrir l’étonnant crooner canadien Sean Nicholas Savage, le groupe électro-rock français Fortune ou le répertoire de Shannon Wright mis à nu par la seule grâce d’une guitare ou d’un piano. Et au milieu de ces noms indé, quelques poids lourds comme Archive et leur nouveau live, Moriarty, ou The Toxic Avenger. Ces concerts représentent aussi la seule occasion pour le grand public de participer à un événement qui vise principalement les professionnels même si ses dirigeants tentent de voir plus grand. “Les conférences sur la musique et l’image ont ouvert le MaMA à ces deux mondes qui travaillent ensemble mais qui se connaissent très peu et des ‘music supervisors’ étrangers sont aussi venus expliquer leur métier. Tout ça a permis d’intéresser un nouveau public qui ne serait peut-être pas venu l’an dernier”, explique Fernando Ladeiro-Marques.
L’objectif pour 2014 ? Ajouter de nouveaux lieux à l’événement et associer des médias aux débats. Et toujours croître tout en exploitant l’effet boule de neige de l’ouverture à l’international. “Les bureaux export des autres pays nous sollicitent pour être mis en relation avec le marché français et dans le même temps, il est vital pour un artiste français d’exporter”, souligne Fernando Ladeiro-Marques. “Le MaMA possède encore un gros potentiel de croissance avant d’atteindre sa limite”, se réjouit Daniel Colling.

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