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mardi 9 octobre 2012

Evénementiel et développement durable ?

Souvent montrée du doigt en raison de sa forte propension à polluer, la filière a décidé de se prendre en main et d'agir. Poussée par l'arrivée de la norme ISO 20121 et boostée par des associations professionnelles qui s'engagent dans la voie du développement durable, les acteurs du secteur multiplient les actions en faveur de l'environnement.
Article : http://www.novethic.fr/novethic/rse_responsabilite_sociale_des_entreprises,pratiques_commerciales,eco_conception,l_evenementiel_s_engage_dans_developpement_durable,138424.jsp

Ça bouge dans le secteur de l’événementiel.
En août dernier, l’AFNOR a publié la norme NF ISO 20121 afin que la filière événementielle intègre les pratiques de développement durable dans l’organisation de ses événements. Conseils en matière de formation, sensibilisation, fixations des objectifs, évaluation des performances... « Il s’agit d’une conduite du changement à mener pour manager durable. Nous ne demandons pas à l’entreprise de s’engager sur tous les axes, mais de faire un état des lieux afin de définir des objectifs à atteindre », explique Sandra Di Giovanni, chef de marché Tourisme à l’AFNOR. Pour la conception de la norme, toutes les parties prenantes du secteur (agences, gestionnaires de salles, annonceurs, municipalités..) ont discuté durant deux ans sur le contenu, qui découle directement de la norme anglaise BS8901. « Au départ, au sein de la commission française, il y a eu un débat car certains voulaient des objectifs de résultats. Mais il y une telle diversité dans les événements qu’un système de management est plus approprié » ajoute Julie Tinetti, chef de projet normalisation à l’AFNOR. Quoi qu’il en soit, l’arrivée de cette norme marque un tournant dans l’engagement environnemental de la filière : « cette norme va déclencher des investissements, d’abord en formation puis en recrutement de personnes dédiées au développement durable dès 2013. GL Events a par exemple acheté 36 000 de formation en développement durable, dont une grande partie auprès de l’AFNOR », note Jean-Philippe Teboul, directeur du cabinet Orientation Durable.
LES GROSSES ENTREPRISES FONT PRESSION

Si les acteurs de l’événementiel semblent de plus en plus concernés par ces problématiques, c’est aussi en partie en raison des appels d’offres qui incluent de plus en plus cette dimension environnementale. Ainsi, fin 2011, le Crédit Agricole a initié le changement lors d’un appel d’offre qui comprenait une année d’événements divers à Montrouge (92). « Le document contenait 12 pages sur des critères RSE. Du coup, beaucoup d’agences se sont dotées de responsables RSE pour répondre à l’offre », se souvient Jean-Philippe Teboul. Même constat de la part de Jean-Luc Krempp, membre de l’association des Traiteurs de France et président de l’Abeille Royale Traiteur : « Il existe incontestablement une demande du marché. Il y a quelques années, un responsable du groupe La Poste avait exposé sa politique de développement durable en indiquant : ce n’est pas parce que vous faites du développement durable que l’on travaillera avec vous. Mais si vous n’en faites pas, on ne fera pas appel à vous. » La certification ISO 20121 pourra donc être exigée par certains annonceurs qui veulent s’assurer du caractère durable de leurs événements.

Auto-diagnostic RSE en ligne
Certes, jusqu’alors, le secteur n’était pas resté sans rien faire. Mais les initiatives restaient davantage du domaine de la sensibilisation ou de la mise en place de petites actions isolées. Le collectif Eco-événement en est la preuve. Sous l’impulsion Dan-Antoine Blanc-Shapira (agence Sensation!) et de Benoît Desveaux (ANAé : Association des agences de communication événementielle), toutes les associations professionnelles de la filière événement se sont regroupées autour d’un collectif destiné à promouvoir les bonnes pratiques et à fournir des outils pour des événements éco-responsables. En juin, Eco-Evénement a par exemple lancé un outil en ligne d’autodiagnostic RSE afin de permettre aux dirigeants de s'évaluer sur leur engagement dans la responsabilité sociétale et d'initier ainsi un programme d'amélioration continue. « Le questionnaire se compose de 90 questions autour de 6 thématiques. En 1h30, l’entreprise peut voir ce qu’elle fait de bien et les domaines où elle peut progresser. Cet outil constitue une entrée en matière et précède la certification », souligne Dan-Antoine Blanc-Shapira.
Jean-Luc Krempp, membre de l’association des Traiteurs de France et président de l’Abeille Royale Traiteur, a testé récemment l’outil d’autodiagnostic RSE : « grâce à l’outil, nous avons rapidement identifié les deux domaines où nous étions moins bons : l’engagement et l’environnement. Nous nous sommes donc fixés plusieurs objectifs pour 2012 pour progresser sur ces deux points. » Parmi les résolutions de l’entreprise figure l’intégration directe ou indirecte de personnes handicapées, le développement des éco-gestes, l’amélioration du tri des déchets, le choix de 100% de contenants biodégradables et la réalisation du bilan carbone. Ce dernier point est d’ailleurs désormais obligatoire dans le cadre de la certification du service « Qualitraiteur », élaborée par les Traiteurs de France et certifié par le bureau Veritas.
Des postes RSE pour coordonner les actions
Si les petites structures, qui représentent l’essentiel de la filière événementielle, ont encore besoin d’accompagnement dans la mise en place de solutions durables, les plus grosses structures ont déjà initié cette démarche au plus haut de la pyramide. C’est par exemple le cas du groupe Public Système Hopsctoch, spécialisé dans les relations publiques et la communication événementielle. Fin 2011, le groupe a créé un poste de chargé de mission RSE, directement rattaché à la direction générale. Cette organisation est venue concrétiser une démarche initiée depuis plusieurs années, comme le raconte Karine Noujaim, qui occupe le poste depuis sa création : « en 2004, en marge de la constitution du collectif Eco-événement, nous avons mis en place plusieurs initiatives, mais souvent désordonnées, avec en interne par exemple des achats responsables et des éco-gestes. Puis en 2005, nous avons instauré le tri et le recyclage des déchets. Et en 2010, nous avons souhaité donner de la cohérence à notre démarche et nous avons appliqué la norme anglaise BS 8901. » Il a alors fallu créer un poste dédié, remettre à plat la stratégie RSE – l’intégrer au niveau stratégique- réaliser une série de formations en interne.... Aujourd’hui, sur chaque événement, l’agence intègre les sujets RSE sur tous les thèmes : suppression de la moquette sur certaines parties de la salle lorsque c’est possible, limitation de la viande et des documents papiers, préférence pour les produits bio ou locaux... « Nous sommes convaincus que le développement est un levier d’innovation. Il doit être perçu comme une opportunité et non comme une contrainte » ajoute Karine Noujaim.
Des évènements qui ne sont pas plus chers
D’ailleurs, « le développement durable est créateur de valeur, reprend-elle. Au pire, un éco-événement coûte le même prix, au mieux il est moins cher ». Car si les achats alimentaires sont revus à la hausse dans le cas de produits bio ou locaux, en revanche, il existe de nombreux autres leviers d’économies, à l’instar de la consommation énergétique, des coûts d’impression de documents... Comexposium, organisateur d’événements comme le Salon de l’Agriculture ou la Foire de Paris, arrive à la même conclusion : « l’organisation de 114 salons par an nous permet, avec la réutilisation de la moquette notamment, de faire des économies au global.  Même chose pour les déchets. Donc le choix n’est seulement stratégique mais aussi économique », explique Pierre Barbe, le directeur de la Communication.
D’ailleurs, Eric Amram, le fondateur d’Evenium, une société spécialisée dans les applications web et mobile pour l’événementiel (invitations en ligne, e-badges, plans des salons sur mobile...), l’avoue : « le « sans papier » est apprécié par l’organisateur mais il ne prend pas sa décision sur le critère du développement durable : la première raison pour ce type de solutions reste le prix » En effet, l’économie est importante : le coût de la création et de l'envoi d'un carton d'invitation papier se situe entre 8 et 10 € par invité pour un événement standard, contre 4 € par participant pour un traitement numérique des invitations. La dématérialisation peut également s’appliquer aux programmes, annuaires, ou plaquettes, qui permettre de faire d’importantes économies également. D’où un engouement de plus en plus important pour ce type de prestation…
Des pratiques qui restent à améliorer
Mais avant de passer aux évènements virtuels, comment se traduit concrètement la prise en compte de l’environnement sur des salons par exemple ? Chez Comexposium, la RSE a été intégrée à la stratégie de l’entreprise l’an dernier. Prise en charge par le responsable de la logistique, elle se traduit notamment par des efforts en matière de consommation énergétique et de limitation des déchets. Par exemple, sur l’ensemble de ses salons, le groupe s’engage à n’allumer l’éclairage qu’une heure avant et éteindre 30 minutes après les horaires de la manifestation, mettre en place des navettes depuis les gares et les aéroports, recycler la moquette, réutiliser la même signalétique sur certains salons... Lors du SIAL (Salon International de l'Agroalimentaire), 80 tonnes de produits alimentaires ont ainsi été récupérées par la Croix Rouge. Et pour la dernière Foire de Paris, Comexposium a testé un calcul environnemental sur le pavillon vin et gastronomie. Résultat : 30 % des déchets ont été recyclés ou revalorisés. Quant au bilan carbone (calculé sur la seule foire de Paris pour le moment mais prochainement étendu à l’ensemble des salons), il a peu diminué : si chaque visiteur a en moyenne émis 85 kg en 2012 contre 89 kg l’année précédente –soit une baisse de 4,5%- le nombre de visiteurs a lui augmenté de 4% dans le même temps (620 000 en 2012).
Pression des clients, souci d’économies, volonté d’améliorer son image ou cadre normatif…ces derniers mois, la filière de l’événement a passé un cap en matière de développement durable en se posant enfin les bonnes questions. Reste maintenant à trouver les solutions propres à chacun. Et le travail reste encore très important : selon Dan-Antoine Blanc-Shapira « Près de 10 % des entreprises de l’événementiel sont réellement engagées dans une démarche de développement durable, tandis que 20 % s’améliorent avec des petites actions. »
*Alimentation, Sensibilisation, Transports, Hébergement, Lieux, technique et décoration et Communication.


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