Expocert

lundi 6 septembre 2021

Reprise d'activité pour Viparis 

Un article très intéressant publié sur https://www.voyages-d-affaires.com dans lequel Pablo Nakhle Cerruti, directeur général de Viparis, évoque le futur proche des salons et congrès à Paris, mais aussi des horizons plus lointains avec les évolutions engendrées 


Après 15 mois de fermeture, comment envisagez-vous la reprise de l’activité ?
Pablo Nakhle Cerrutti – Pour Viparis, 2021 va ressembler en tous points à l’année 2020. L’an dernier, nous avions travaillé de janvier à la mi mars, soit deux mois et demi, avec, en plus, un peu d’activité en septembre. En 2021, nous allons travaillé en gros trois mois et demi, de 2 septembre avec le salon Maison et Objets au 15 décembre, avec le salon nautique, auxquels on peut ajouter quelques événements en juin dernier.
Ce redémarrage sera-t-il à la hauteur de vos attentes ?
P. N. C. – Le deuxième semestre 2021 sera assez paradoxal. D’un côté, il y a un point positif : le nombre d’événements prévus sur cette période est équivalent à celui de 2019. Et cela, grâce à la conjugaison de reports d’événements qui n’ont pas pu se tenir au premier semestre et à l’effet récurrence de salons qui se tiennent tous les deux ans comme Maison&Objet ou Who’s Next. En revanche, le nombre d’exposants et la surface dédiée aux salons ont été divisées par deux. L’activité de Viparis redémarre donc à 50 % de ce qu’on avait connu avant la crise. A cela s’ajoute l’incertitude en ce qui concerne les événements de dimension internationale, notamment d’entreprises. On a aucune visibilité sur l’évolution des restrictions des déplacements. Et, en parallèle, certaines multinationales interdisent toujours à leurs collaborateurs de se déplacer ou de participer à des rassemblements. Le segment corporate sera sans doute celui qui mettra le plus de temps à reprendre. Mais, comme c’est un secteur pro-cyclique, le jour où ça redémarrera, ça repartira fort. Il faut être patient.

Au delà de 2021, quand voyez-vous un retour à la normale ?
P. N. C. – Si les choses continuent de reprendre à leur rythme, on devrait faire une bonne année 2022 et retrouver les niveaux d’avant crise en 2024, grâce aux Jeux Olympiques. Paris, et donc Viparis, a une chance inouïe dans cette crise, c’est d’accueillir le premier grand événement mondial post covid, en plus de la coupe du monde de rugby l’année d’avant. Ce qui va accélérer le retour à la normale.

 A quelles évolutions vous attendez-vous ?
P. N. C. – Dans le monde « d’après », et même « d’après l’après », on va sans doute revenir à une dimension plus continentale des événements. Par exemple, dans certains métiers, vous avez un gros salon dans chacun des quatre grands pays d’Europe continentale que sont l’Allemagne, l’Espagne, la France et l’Italie. Or, demain, les entreprises mondiales et les exposants vont raisonner vont non pas par pays, mais au niveau européen. Elles se demanderont quels salons leur permettront de pénétrer ce marché. De ce fait, entre les quatre, il y en aura peut-être un ou deux de trop. Cette logique de rationalisation, on la voit aussi dans le corporate, notamment dans le monde dans la tech. Par exemple, Microsoft tournait dans seize villes par an auparavant, soit quasiment toute l’année. Là, ils vont se limiter à quatre destinations. Donc il va falloir se bagarrer.

Cette compétition accrue pourrait-elle être dommageable à Paris ?
P. N. C. – La concurrence va être encore plus violente, car on a tous fermés au même moment et on va tous redémarrer en même temps. Il n’y a plus de position acquise, ni de rente de situation. Mais Paris a de quoi s’en sortir. C’est la première ville de salon en Europe et la première au monde pour les congrès. En ce qui concerne les congrès et les événements, la compétition se fait entre grandes métropoles. Bien sûr, les investissements que Viparis a réalisé entrent en ligne de compte, mais à la fin, ce que les grands clients internationaux achètent, c’est Paris, son patrimoine, son art de vivre, son sens de l’innovation. Paris reste une des dix villes à avoir un rayonnement mondial. En Europe, elle est la seule dans ce cas avec Londres. Les autres métropoles ont une vocation plus européenne.

Paris reste une des dix villes à avoir un rayonnement mondial. En Europe, elle est la seule dans ce cas avec Londres.

Vous attendez-vous aussi à une rationalisation sur le marché des salons ?
P. N. C. – Un salon n’est que le reflet du bassin économique dans lequel il se trouve. La France est numéro un mondial de l’industrie agroalimentaire, donc le SIAL sera forcément en France, à Paris, et pas ailleurs. Pareil pour le salon du Bourget, la France étant le grand pays de l’aéronautique, ou encore tout ce qui tourne autour de la mode et du luxe. A l’inverse, il y aura peut-être une reconfiguration pour les salons du bâtiment, les Allemands étant plus forts dans ce domaine. L’Allemagne a une forte tradition des salons et gagnera sans doute des parts de marché. Mais il faut aussi voir que la concurrence entre les villes allemandes est féroce. Au final, il y aura sans doute un jeu à double détente avec des villes de dimension européenne qui joueront un rôle clé pour l’accueil des salons et des villes mondiales concernées par les grands événements. Et ceux-là, ils seront à Paris ou à Londres et nulle part ailleurs. La niche de Viparis, c’est d’attirer les très grands événements internationaux et d’essayer de les pérenniser. Le Salesforce World Tour qui vient à la porte de Versailles par exemple, c’est deux fois plus gros que le salon de l’Auto. C’est ça, l’enjeu.


Alors que le digital a démontré être une alternative crédible aux rencontres physiques, cette concurrence vous inquiète-t-elle ?
P. N. C. – Je crois à l’avenir de ce métier. Le voyage d’affaires, c’est sûr, va bouger. Plutôt que d’aller voir sa filiale aux Etats-Unis quatre fois par an, vous n’irez sans doute plus qu’une fois ou deux et le reste se fera en visioconférence. En revanche, le modèle du rassemblement professionnel où on peut voir en même temps ses prospects, ses clients, ses fournisseurs, les innovations du secteur, celui-là ressortira gagnant.

Cependant, qu’est-ce qui fera qu’un participant privilégie la rencontre physique au format numérique ?
P. N. C. – Le contenu de l’événement est dans ce cadre très important. Les formats cloisonnés vont disparaître. Prenez Vivatech. Vous avez des stands, et c’est un salon, mais vous avez aussi des keynotes, et c’est un congrès. Enfin, vous avez des soirées autour, et c’est un event. Cette notion de « festivalisation » va gagner du poids. Avoir des sites agréables à vivre, où on mange bien, où on dort bien, est aussi essentiel. Je parie que, dans les années à venir, vous verrez même apparaître des stands bien-être ou des spas sur les sites d’exposition. Le congressiste non européen ne veut pas avoir à marcher plus de 10 minutes depuis son hôtel pour assister à son événement, mais paradoxalement il veut repartir chez lui en se disant qu’il a découvert la ville. L’expérience que nous pouvons lui apporter est ainsi essentiel. Mais c’est une réflexion que nous avions déjà, comme en témoigne l’ouverture à la porte de Versailles des hôtels Mama Shelter et Novotel ou du restaurant-lounge Le Perchoir.


Digital, RSE : comment abordez-vous ces deux sujets plus que jamais dans l’air du temps ?
P. N. C. – Avoir des sites connectés, c’est évidemment clé et nous y travaillons, par exemple pour passer à la 5G avant les autres, pour proposer du WiFi haute densité, du Bluetooth pour faire de la géolocalisation ou du LoRa pour le transport des informations destinées aux objets connectés. Les enjeux RSE sont évidemment tout aussi importants. On est en train de terminer le bilan carbone de Viparis qui permettra d’estimer le coût carbone d’une participation à un événement, même si beaucoup d’éléments extérieurs nous échappent, comme les déplacements, le fret. De notre côté, on travaille aussi sur les produits d’entretien de nos espaces verts, les circuits courts ou encore la consommation d’eau et l’exploitation des bâtiments.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Nombre total de pages vues

BLOG FOIRES SALONS CONGRES

BLOG FOIRES SALONS CONGRES
SALON CONGRES EVENEMENTS PARC EXPOSITIONS