Expocert

vendredi 24 juin 2016




Béatrice Cuif-Mathieu, directrice générale de Grand Nancy Congrès & Événements


Femme d’action, et de conviction


La directrice générale de Grand Nancy Congrès & Événements peut s’enorgueillir d’un excellent bilan au centre Prouvé. Avec la foire exposition, elle relève un nouveau défi.


Égard direct, ambition affirmée, elle est admirée pour sa puissance de travail et redoutée pour son exigence obsessionnelle,   sa manière de voir vite et juste, de mouliner les idées dans tous les sens afin d’être au clair sur toutes les questions. Elle a aussi besoin de mettre sa vie au service d’intérêts supérieurs. Hier à la ville de Nancy aux côtés d’André Rossinot dont elle fut la directrice de cabinet, aujourd’hui à la tête de Grand Nancy Congrès & Événements  qu’elle dirige en parfaite symbiose avec son président Pierre Boileau avec lequel elle forme un duo complémentaire. Un président du conseil d’administration, imbattable sur les chiffres et bluffé par les compétences, la rigueur, la combativité et le professionnalisme de sa directrice générale.
Goût de la découverte, sens du risque et de la remise en question, volonté d’aller de l’avant, refus de ronronner sur les acquis, sont les autres traits de caractère de Béatrice Cuif-Mathieu qui, avec  ses équipes dont elle n’oublie jamais de mentionner le rôle et l’importance, mène une action exemplaire à la tête du Centre Prouvé et du Parc de Expositions.  
Au regard de son parcours, on s’attend à rencontrer une personnalité singulière, complexe. On découvre une  femme de tête qui fait ce qu’elle aime. Pour elle, les choix professionnels impliquent la prise en considération de trois critères : le dirigeant de la structure, le cadre dans lequel il faut évoluer, le contenu de la mission. Son expérience à la mairie de Nancy, lui a appris le savoir-faire relationnel, l’art de devenir influent sans le montrer, la manière efficace de jongler avec des emplois du temps démentiels, de préparer des projets stratégiques, de synthétiser des dossiers et de rendre intelligible ce qui est confus ou compliqué. C’est là, que s’est forgée l’armature du manager qu’elle est devenue.
Sur un marché concurrentiel, le jeu est serré. Pour  saisir toutes les opportunités, il faut bien négocier et pour cela détecter l’état d’esprit de ceux qu’il faut convaincre, leur apporter des garanties d’accueil, les persuader qu’ils trouveront à Nancy ce qu’ils n’auront pas ailleurs. Opiniâtre, déterminée, ne renonçant jamais,  totalement impliquée dans ce qu’elle entreprend, Béatrice Cuif-Mathieu, entière, sincère, experte  en communication, excelle dans ce métier où elle s’épanouit.
A quelques jours de l’ouverture de la Foire Expo de Nancy, il n’y a plus de délais entre la réflexion peaufinée, millimétrée et la mise en œuvre. A l’écouter parler de ce rendez-vous et des espoirs qu’elle y met,  on sait ce qu’elle veut atteindre : l’excellence. Au bonheur de la Dame qui a une intelligence fine des situations ? Elle sourit et répond qu’elle s’occupe en priorité du territoire et de son attractivité. Pas étonnant, elle ne regarde pas s’accomplir les choses, elle les fait !

“Le défi de la Foire”

Vous avez quitté la politique. Des regrets ?
« Est-ce que j’ai bien passé le cap ? C’est une opportunité que j’ai eue après avoir été pendant 12 ans directrice de cabinet d’André Rossinot. J’ai pu faire autre chose. C’est un nouveau challenge. J’ai eu en charge la structuration de la société, la mise en place de la stratégie d’abord avec Gérard Rongeot puis avec Pierre Boileau. »
C’est un nouveau métier pour vous, il est difficile ?
« Nous avons un positionnement très clair : une offre de territoire la plus large possible pour permettre l’accueil de manifestations différentes et une qualité de service revendiquée pour chacun des deux équipements : le Centre de congrès et le Parc des Expositions, dont nous avons la responsabilité. Nous bénéficions de la complémentarité entre les deux structures en terme de jauge. Il y a aussi la fonctionnalité et les services proposés.  Tout cela génère des retombées économiques importantes pour le territoire.  Notre attractivité, c’est la qualité, la diversité et la richesse de l’offre. »

D’accord mais les résultats sont-ils à la hauteur des espérances ?
« Nous avons fait une très bonne année 2015 dont nous dévoilerons bientôt les résultats avec Pierre Boileau. Ces résultats montrent qu’au-delà de l’effet nouveauté  nous avons du potentiel et de vrais atouts. Le Grand Nancy Événements a obtenu en 2015 le prix Jacqueline Pietri décerné lors de la soirée annuelle du réseau France Congrès. Nous sommes un facteur d’attractivité pour la métropole. Nous avons mis en place la démarche  «  Ambassadeur de Grand Nancy Événements ». Il y a ici 300 pépites, des filières d’excellence. On les aide à monter de dossiers de candidatures. Eux préparent le projet scientifique et nous on explique l’équipement et les possibilités qu’il offre.  Ces Ambassadeurs sont en mesure de porter la candidature de Nancy à l’accueil de congrès ou de rencontres emblématiques de leurs filières. »
Vous avez repris le Parc des Expositions et son activité. Quelle est la situation ?
« On est chargé de l’organisation des manifestations qui ont lieu au Parc des Expositions seulement depuis le 1er octobre  2015. Or, on sait que la commercialisation d’un événement débute sitôt l’édition précédente terminée. Le démarrage a été un peu compliqué, nous avons trouvé table rase, même pour les numéros de téléphone… et en matière de transition prévue dans le protocole on fait mieux. Commercialement cela n’a pas été facile pour l’équipe  qui s’est battue pour relever le défi. Avec Pierre Boileau et le Conseil d’administration, nous avons lancé une étude prospective. Nous avons envoyé un questionnaire à tous les exposants, on leur a demandé ce qu’ils pensaient de l’équipement, des thèmes, de la communication. On a constitué des groupes de travail. De cette initiative est sortie, entre autres,  l’idée d’organiser conjointement Habitat Déco et le Salon des Antiquaires. »
Renouveler le concept, être la vitrine de son temps. Quel constat faites-vous ?
« Les manifestations sont anciennes notamment la Foire Internationale dont le bilan des dernières éditions montre un recul du nombre des exposants et une certaine désaffection du public. Certes, la conjoncture nationale a joué et la Foire de Nancy a été impactée comme toutes les foires de France  par la baisse de la consommation des ménages. Nous constatons que la désaffection du public a sans doute été un peu plus forte à Nancy que dans la moyenne des foires du pays. C’est la fin d’un cycle en termes de méthode et d’exploitation. »
Comment comptez-vous rebondir ?
« Nous allons engager un grand chantier de restructuration et de développement de la Foire. Il porte sur trois sujets principaux :
• Renouveler le concept. La Foire doit être la vitrine de son temps. Il faut y intégrer de nouvelles sections, accueillir de nouveaux exposants avec de nouveaux produits, s’ouvrir plus largement aux tendances du moment.  Nous associerons dans ce travail nos exposants mais aussi l’ensemble des partenaires institutionnels, économiques et associatifs.
• Améliorer les conditions d’accueil. Le Parc est un outil pratique mais ancien qui ne correspond pas toujours aux attentes des visiteurs et exposants en matière de confort et de services. Nous avons déjà engagé des investissements.
• Renforcer notre communication. Nous devons mieux expliquer ce qu’est la Foire Exposition, ce que les familles peuvent y trouver. Dns un monde médiatisé le silence tue. Nous avons mis en place une nouvelle stratégie en ce domaine depuis Habitat Déco, nous l’amplifions pour la Foire. »
Vous pensez que ce seront des options gagnantes ?
« Avec Cuba, c’est la “Revolución” au parc expo…Il y a le retour d’un pays invité, davantage d’animations, des tarifs pour tous les publics (le 30 mai l’entrée sera gratuite pour les seniors) le retour d’une ferme pédagogique qui fera le bonheur des enfants. L’objectif, c’est de faire revenir les familles. On croit à notre projet mais c’est l’avenir qui nous dira s’il est adapté. Je crois au rôle social de la foire. C’est un événement qui met du lien, les gens se parlent. »
Le contexte économique des foires expositions est compliqué. Ce modèle a-t-il encore un avenir ?
« Au-delà de son impact sur l’économie de la Société Publique Locale, Grand Nancy Congrès& Événements, la Foire de Nancy a je le répète un rôle social de première importance.
Les Foires sont en France l’un des rares vecteurs de soutien aux PME et TPE des territoires. Contrairement aux grandes entreprises, celles-ci n’ont pas nécessairement les moyens techniques, humains, financiers  pour appuyer leur développement. Les Foires sont souvent leur seul ou principal  moyen d’expression. C’est lors des Foires que les PME et les TPE peuvent venir à la rencontre de leurs prospects et de leurs clients. »
Vous évoquez aussi le lien social...
« Dans une société où le vivre ensemble et la lutte contre les communautarismes constituent un enjeu politique essentiel, les Foires Expositions ont un rôle à jouer. L’objectif est de faciliter les rencontres entre les citoyens, de favoriser les vrais échanges, de promouvoir l’appartenance à un territoire, de faciliter l’émergence des initiatives sociales et associatives. Dans un monde où les échanges virtuels qui, par ailleurs, constituent un vrai progrès éloignent les communautés les unes des autres, les Foires jouent au contraire la carte du rapprochement.
Enfin, elles sont également des outils de promotion de la consommation à circuits courts. Vos achats font vos emplois, c’est un slogan ancien mais encore d’actualité. Les Foires participent à ce mouvement en facilitant la rencontre avec des artisans, des distributeurs et des producteurs de la région.
C’est ce que nous mettons en avant au niveau des Foires de France. »
N’empêche, la Foire de Paris a diminué ses mètres carrés vendus et ses visiteurs sont en baisse. Quel est votre point de vue et quelle tendance prévoyez-vous pour Nancy ?
« Les foires ne sont pas des îlots de sérénité. Nous vivons avec notre monde. Il n’a échappé à personne que la France traverse une période difficile qui impacte durement la consommation des  ménages. Or, c’est justement là qu’est notre cœur de cible client. Il est intéressant de comparer la courbe d’évolution des visites dans les Foires et Salons. Elles sont parfaitement parallèles. La consommation semble aujourd’hui repartir, cela devrait se traduire par un regain d’activité des Foires. Enfin les attentats de Paris  ont modifié les comportements. C’est sans doute plus prégnant dans les grandes capitales que dans les autres villes.
Pour Nancy, nous n’avons pas ménagé nos efforts, nous avons rencontré beaucoup de monde, expliqué, essayé de convaincre. Notre objectif est d’augmenter le nombre de visiteurs. »
Gérer les deux équipements c’est un atout ou un facteur de complexité ?
« Nous avons la chance d’être les gestionnaires des deux équipements du Grand Nancy. C’est une force considérable car les deux sont complémentaires. Une équipe, deux sites, cela bouscule les modèles existants en termes d’organisation. L’offre du Parc des Expositions est pour nous une solution adaptée pour accueillir des manifestations qui ne rentrent pas dans les salles du Centre Prouvé ou dont les exigences fonctionnelles ne correspondent pas aux possibilités du centre de congrès.
Les objectifs qui nous sont assignés sont très divers : rayonnement de la métropole et de Nancy, accompagnement des filières d’excellence, valorisation de nos centres de recherche et de nos établissements d’enseignement supérieur, accompagnement du développement des entreprises, valorisation des filières agricoles et bois, animation du territoire, valorisation des initiatives locales.
Nous venons d’accueillir à Nancy le salon Bois Energie : 350 exposants de 20 pays, 8 000 visiteurs professionnels. Cette manifestation ne serait jamais venue à Nancy si notre offre ne comprenait pas le parc des expositions. Enfin, certains événements ne trouvent pas leur place au Centre Prouvé ou au parc des expositions. Leurs organisateurs préfèrent le Zénith, le stade Marcel Picot ou l’Abbaye des Prémontrés. C’est parfait car nous vendons le territoire et nous jouons collectif. C’est pour cela que le Grand Nancy a inscrit dans sa stratégie de développement économique sa volonté que Grand Nancy Congrès & Événements anime le cluster d’affaires. »
Alors aucun regret après votre changement d’orientation professionnelle ?
« Pas de regrets. Tout ce que j’ai appris auprès d’André Rossinot me sert chaque jour. Il m’a appris à voir loin, à engager une démarche prospective tout en ayant une action quotidienne et de proximité. » 

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