Venus faire des affaires dans les allées du dernier Salon de l’habitat, les avis sont unanimes. «Un parc des expos, pour une agglomération comme le Grand Rodez, c’est primordial», avance un promoteur.Car même si tout le monde se plie en quatre pour la bonne marche de la manifestation, les chapiteaux au Val de Bourran cela ne fait pas très professionnel», assène-t-il.
Comme la centaine d’autres exposants, il a été ravi d’entendre les élus ruthénois évoquerla réalisation très prochaine du parc-expode Malan. «Depuis le temps qu’on en parle, il était temps», estime un cuisiniste ravi mais néanmoins prudent.«Je me méfie des effets d’annonce. Les élus ont été un peu pris à parti ce jour-là et je me demande si le projet est réellement en cet état d’avancement. Annoncer le début des travaux en 2016, n’est-ce pas un peu risqué ? »
Beaucoup d'interrogations
«Si l’on se retrouve avec 6 000 ou 8 000 euros de frais supplémentaires, le résultat ne sera pas le même», fait remarquer le président des Kiwanis de Rodez, Henri Monteillet. L’organisateur du Salon du chocolat castonétois qui s’est déroulé les 14 et 15 novembre, réagit lui aussi au projet de création d’un parc des expositions à Malan. «Par définition, un gestionnaire privé doit faire des bénéfices, poursuit Henri Monteillet. Pour cela, il devra faire payer la location de la salle plus toutes les prestations liées à la tenue de la manifestation. Cela changerait tout pour nous. Car aujourd’hui, la mairie d’Onet-le-Château est extrêmement généreuse avec nous, concède-t-il. On ne paie pas la location de la salle et le personnel communal nous aide à tout préparer. C’est justement grâce à cette aide que notre salon est un succès et nous permet de réunir les fonds qui servent ensuite à financer nos actions caritatives. Si l’on devait payer tout cela, le résultat ne serait plus du tout le même.»
«Ici ce n’est pas Toulouse»
«Ici on n’est pas à Toulouse. Ni à Albi», estime de son côté Pascal Angles, le gérant d’ADS organisation (Salon du mariage, etc.). «Les salles existantes répondent à un besoin local. Alors c’est bien de vouloir faire un parc des expos, mais pour y faire quoi exactement? Aujourd’hui, hormis le Salon de l’habitat qui pourrait prétendre à un tel équipement, pour le reste, je ne suis pas sûr que cela soit nécessaire. La réalisation de cet équipement va engendrer des coûts énormes, pour quels bénéfices? La plupart des associations qui organisent aujourd’hui ces salons n’ont pas toutes les moyens de louer de telles installations», analyse-t-il. Et le même de poursuivre : «Il vaudrait peut-être mieux relier les trois salles (des fêtes) déjà existantes à Onet. Cela ferait un petit complexe de près de 3000 m². Ça serait bien moins coûteux pour la collectivité et à mon avis largement suffisant pour ce territoire.»
Concerts et événements sportifs
Rêvant de réunir en Aveyron des joueurs de premier plan pour des exhibitions, Jean-Jacques Crognier, le président du Comité départemental de tennis ne serait pas contre la réalisation d’un équipement pouvant accueillir plusieurs milliers de personnes. «Le souci, c’est qu’un court de tennis provisoire c’est très cher et par conséquent très difficile à rentabiliser. D’autant plus que pour faire venir une tête d’affiche comme Federer il faut débourser au bas mot 2 millions d’euros !»
Organisateur avec d’autres cavistes ruthénois du Salon du vin, Pierre Bonnefous, verrait lui aussi d’un très bon œil la réalisation d’un parc des expos. «En anglais on dit “No parking, no business”. Or, ce qui fait cruellement défaut lorsque l’on organise des manifestations dans les salles alentours, c’est les places de stationnement. Un parc des expos, cela sous-entend obligatoirement du stationnement suffisant.»
«Il faut avoir de l’ambition, de l’audace !»
Président de la chambre de commerce et d’industrie de l’Aveyron, Manuel Cantos se déclare lui aussi «très favorable» à ce projet. «Nous avons des lieux mais ils ne sont pas adaptés à la tenue de grandes manifestations, explique-t-il. Un parc-expo c’est une très bonne initiative sur ce territoire qui se développe. On a besoin de cet outil, poursuit-il. Et à ceux qui estiment que ce projet est disproportionné pour le territoire, il répond : «Il faut avoir confiance en l’avenir, au territoire et à ses capacités. À nous d’imaginer les événements qui pourront s’y tenir. Il faut avoir de l’ambition, de l’audace !» Le président de la CCI se déclare même prêt à apporter sa contribution à la réalisation de ce projet. «Pas financière, bien sûr, mais humaine. Les techniciens de la CCI connaissent les besoins du territoire, cela peut servir», conclut-il.
Un investissement de l'ordre de 10M€
La réalisation du Parc des expositions devrait mobiliser une enveloppe de l’ordre de 10M€, dont 1,2M€ pour l’acquisition foncière, et 2M€ pour les réseaux et infrastructures diverses (accès, parking). Le reste sera consacré à l’infrastructure en elle-même. Pour limiter les coûts, Rodez Agglo pourrait d’ailleurs reprendre en tout point le concept du Parc des Expos d’Agen, où se rendra prochainement une délégation. «Cet équipement est très important pour le développement économique et indispensable pour l’attractivité du territoire», glisse Christian Teyssèdre.
Des propos repris par Jean-Philippe Sadoul, maire de Luc-la-Primaube et vice-président de l’Agglo en charge de ce dossier :«Dans le nord de Midi-Pyrénées, il n’existe pas un équipement de ce type hormis à Albi, voire Cahors.» De tels propos accréditent évidemment la thèse de financements croisés, sur lequel la Région et le Département vont devoir se positionner.«La Région a donné 30M€ pour celui de Toulouse, soit 10 %. J’ai espoir qu’elle abonde dans les mêmes proportions», glisse Christian Teyssèdre, qui en attend au moins 1M€.
La réponse devrait intervenir d’ici une quinzaine de jours, «mais c’était inscrit depuis près d’un an». Pour le Département, Jean-Philippe Sadoul, également conseiller départemental, membre de la majorité, se posera en incontournable ambassadeur. «Je ne veux pas m’avancer, mais au regard de l’attractivité, je ne vois pas comment mes collègues ne suivraient pas...» À noter enfin que la gestion de cet équipement pourrait être confiée à un opérateur privé.
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